mardi 10 mars 2009

La destruction de la langue bretonne

Malgré les très républicaines précautions du spécialiste de la langue bretonne qu'est le communiste français François Broudic, elles n'enlèvent rien au panorama apocalyptique que dresse son rapport "Parler breton au XXIème siècle".

28% de locuteurs en moins sur une période de 10 ans. Un passage de 250 000 à 170 000. La région de fait se contente d'inaugurer les chrysanthèmes. En vérité aucune politique à la mesure de l'enjeu n'est prise, car aucun acteur politique ne considère en Bretagne que la langue bretonne soit une question d'importance. Tout au plus un petit souvenir sympathique. Ce qui entraîne un budget ridicule, une stratégie globale inexistante, une détresse de nombreuses familles victimes des persécutions de l'état malgré des luttes courageuses, dans l'indifférence des nouveaux zélateurs de la "diversité".

Le rapport de l'Office de la Langue Bretonne est encore plus implacable. Il compare le Pays Basque Nord et l'Alsace à la Bretagne. 

En 2008 la Bretagne a ouvert dans l'enseignement public 2 écoles. C'est 12,5 fois moins qu'en Alsace. Pour être au même niveau il eut fallu en ouvrir 25 cette année. 

En comparaison du Pays Basque Nord, pour être au même niveau, la Bretagne aurait dû ouvrir 200 sites sur les 4 dernières années, soit 50 par an. Le nombre d'ouverture de classes bilingues est ainsi 25 fois moins important sur l'ensemble de la Bretagne historique. 

Ainsi depuis 1999 le taux d'écoles bilingues sur le total des établissements publics est passé de 17% à 29%, ce taux est passé de 3% à  8% en Alsace, en Bretagne il est passé de 2% à 2,1% !!!

L'augmentation  est de 40% pour le Pays basque, de 166% pour l'Alsace mais de 5% pour la Bretagne !

En 2008 le nombre d'ouvertures de classes est tombé à 3, un des pires résultats jamais enregistrés à comparer avec les 15 ouvertures en 2000 et les 8 de 2007 déjà très en dessous de nos homologues basques et alsaciens.

L'office précise qu'en satisfaisant simplement la totalité des demandes enregistrées, ce serait une augmentation de 100% des effectifs qui aurait lieu. 

On constate donc que c'est l'immobilisme des élus bretons, singulièrement médiocres et muets comme à leur habitude malgré de singulières exceptions, et l'obstruction déterminée de l'Education Nationale française qui est à l'origine de cette absence de croissance et donc de la mort de la langue.

Le taux d'établissements publics bilingues est 4,5% dans le Finistère, terre historiquement très brittophone, soit 6 fois moins que le Pays Basque Nord.

Si les cours du soir ou par correspondance existent pour les adultes, chacun comprend bien que c'est dès les premières années qu'un plan de développement viable pour la langue bretonne peut assurer des résultats décisifs chez les bretons. En d'autres termes, c'est par l'existence d'un enseignement bilingue officiel doté d'un budget à la hauteur de l'enjeu que l'on peut espérer sauver le breton. Ajoutons à cela une stratégie de développement des sites bilingues en concertations avec tous les acteurs.

Si c'est ce que la logique indique, la réalité nous démontre que l'état français et les élus bretons pratiquent par conviction pour le premier, par médiocrité et suivisme pour les seconds, une politique de génocide de la langue bretonne.

Seules des actions organisées à l'encontre des organisations faisant barrage au développement de l'enseignement bilingue seraient à même d'infléchir la politique d'élimination de la langue bretonne. Ces organisations sont naturellement l'Inspection académique et le rectorat. 

Le dévouement des acteurs ne pourra rien si les décisions budgétaires et stratégiques à la mesure de la question ne sont pas prises. Aucun développement non rationalisé, basé sur le seul bénévolat et la non coordination ne peut mener à un changement de perspective global.

Pour reprendre le propos de Jean Yves Cozan: "On ne frappe pas un chien qui mord". Il faut donc frapper et frapper fort. La cause de la réunification est certes sympathique, mais elle ressemble également à un exutoire pour beaucoup de monde. La situation du breton dans l'enseignement est à un moment charnière.

Le choix est simple: se battre ou disparaître.

Lire le rapport:

http://www.ofis-bzh.org/upload/travail_paragraphe/fichier/191fichier.pdf

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