lundi 2 mars 2009

Guadeloupe: l'incroyable hypocrisie



Dans l'affaire Guadeloupéenne, nous avons eu un bal extraordinaire de faux culs. C'était pourtant un dossier emblématique de l'archaïsme français qui avait l'avantage de poser les questions qui fâchent. Sur place une société de type coloniale à connotation suprémaciste: des Blancs et des métis détenant la réalité de l'économie et des Noirs étant là dedans la masse docile du patronat. On a vu rapidement la presse française se taire magistralement sur la réalité des Békés, consentant modestement à pleurer sur un certain "racisme". Le président français et quelques officiels évoquant une situation "anachronique" qu'il faut faire, jurent-ils, évoluer.

Pourquoi une telle indulgence ?

La République a tenu sa presse en laisse, elle d'habitude si prompte à dévorer à belle dent n'importe quel raciste supposé ou réel. La République sait bien en effet que le racisme a ses utilités, elle sait faire dans la ségrégation quand ses intérêts le lui commandent et ce dans la grande tradition de l'hypocrisie française: "Touches pas à mon pote" à Paris, "Touches pas à ma colonie" en Guadeloupe. Si les Békés étaient expulsés, ou neutralisés économiquement par une redistribution des terres et une fin des monopoles, la France aurait devant elle l'assurance que la dépendance monopolistique qui attache ces îles à elle diminuerait dangereusement: en clair en coupant ce lien ombilical, ces pays entreraient en voie de pré-indépendance de facto. Les Békés sont la colonne utile du colonialisme républicain.

Cette république n'a pas d'autres politique en Nouvelle Calédonie ou en Polynésie. Une politique coloniale ouvertement raciste. Ou sont notre HALDE, SOS Racisme, Licra, MRAP et consorts pour dénoncer cette réalité ? Avouons que tout ce qui n'a pas un potentiel médiatique parisien exploitable par le petit personnel d'état français est très peu intéressant même si aujourd'hui et bien avant la question des banlieues, ce sont bien ces pays colonisés qui offrent le spectacle affligeant du racisme d'état en plus de ce qui se passe en Corse, en Euskadi ou en Bretagne.

Car la France entretient avec la Guadeloupe et d'autres îles une économie similaire à celle des colonies d'antan, mercantiliste, qui impose un monopole national à ces territoires: on fait venir à grand frais de l'essence depuis la France alors que le Venezuela est tout proche. Et c'est ainsi pour quantité de biens. L'inefficacité colbertiste y est caricatural. Le simple fait d'ouvrir la concurrence dans ces îles aurait pour première conséquence d'assurer une baisse des prix et l'arrivée de nouveau capitaux. L'île de Saint Martin est un exemple emblématique: le nord français est pauvre et déserté, alors que sud hollandais est pris d'assaut par les touristes étrangers qui y laissent leurs devises par paquet. Les casinos fleurissent et les nuits y sont chaudes. La raison en est simple: la partie hollandaise est autonome et défiscalisée. L'état français là bas est de par son archaïsme parisien le premier responsable de cet échec économique.

Mais par delà ces questions se pose celle de la cohérence.

Car Domota le leader du LKP fait partie des grands profiteurs du système colonial français. Il est fonctionnaire et très bien payé. Ce que personne ne dit c'est qu'il y a, comme en France, un état dans l'état, une société à deux vitesses: le patronat et les fonctionnaires protégés d'un coté et la société civile de l'autre qui en Guadeloupe en est réduit aux expédients. Seuls les 40% de fonctionnaires de l'île sont à peu près protégés. Mais leur grand nombre assure qu'au moins un d'entre eux est présent dans une famille et donc rend celles du pays presque prisonnières de la logique de l'étatisation économique. Le RMI et les aides sociales parachevant l'assistance généralisée qui décourage l'initiative et paradoxalement conforte les réflexes coloniaux.

Car pour être colonisé, il faut être deux: le colonisateur et le colonisé. Et le colonisé en Guadeloupe n'a demandé à aucun moment la liberté de prendre son destin en main. C'est Nicolas Sarközy en pragmatique qui a posé la question du statut général de ces pays répartis autour du globe sous dépendance française. Domota a milité pour renforcer la dépendance de l'île en faisant payer les puissants à savoir l'état et les patrons. En vérité il s'agit d'une grogne de nourrisson affamé et non d'un jeune adulte aspirant à l'indépendance que lui confère sa nouvelle majorité.

Les grands sacrifiés du conflit seront bien sûr et comme toujours les petits artisans et commerçants (sans parler de la jeunesse), bref les acteurs qui ont le courage de prendre des risques en dehors de la routine confortable des rentes publiques. C'est elle qui va licencier car sa trésorerie a souffert et c'est elle que l'on accusera de maltraiter ses employés.

Nos indépendantistes sont en vérité de grossiers auxiliaires de la colonisation qui ont certes le courage de l'affrontement mais pour des thématiques typiquement colonialistes françaises. Le président du conseil général de Guadeloupe est indépendantiste ! Connaissez vous une colonie anglaise qui ait eu à sa tête un séparatiste désigné par Londres pour gérer les affaires courantes afin de maintenir le pays au sein de l'empire ?!

La vérité est que personne dans ces îles ne veut sortir du système France. Même les virulents indépendantistes se gardent bien d'user du terme "autonomie" sérieusement: il menace par trop la logique de l'assistance. 200 euros est l'horizon indépassable de leur programme politique. Se cachant derrière un discours victimaire qui a ses justifications, ces individus ont surtout démontré leur manque de courage politique, d'imagination et d'audace.

L'autonomie et l'indépendance sont souvent demandés par les peuples, elles sont aussi parfois craintes. Il n'empêche qu'à un moment donné les circonstances de l'histoire font de ces possibilités non plus des désirs ou des peurs, mais des réalités brutales, incontournables dictées par les circonstances du moment.

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