mardi 2 décembre 2008

Le Télégramme se décide à aborder la polémique autour de la réunification

Il aura fallu 5 jours pour que Lé Télégramme se résigne à aborder une polémique qui enfle et enflamme le débat autour de la réforme des collectivités territoriales et du poids écrasant de la fonction publique qui les administre et paralyse les acteurs socio-économiques et culturels de par son inefficacité et son népotisme débridés.

Un retard qui doit certainement à la pression de barons de gauche qui en Bretagne administrative comme en PDL partagent une certaine vision jacobine et surtout craignent pour leurs prébendes. La petite clique politique qui gère la France est toujours très douée pour défendre ses intérêts de caste...

"JACQUES LESCOAT. « RÉCONCILIER L’HISTOIRE ET LA GÉOGRAPHIE »

Président de l’association des géographes de Bretagne, Jacques Lescoat estime que le rattachement de Nantes à la Bretagne permettrait une plus grande cohérence dans l’action publique.

Le rattachement de la Loire-Atlantique vous paraît-elle être une nécessité ? Pour nous, c’est une évidence. On a tout à gagner avec une Bretagne à cinq départements. Mais le rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne doit se faire dans le cadre d’un découpage beaucoup

plus cohérent de la France qui passerait de 22 à 15 régions. Il ne faut surtout pas noyer la Bretagne dans une gigantesque région Bretagne - Pays-de-la-Loire. Outre une région Bretagne à cinq départements, nous sommes favorables au rattachement de la Vendée à la région Poitou-Charentes, qui deviendrait la région Centre-Atlantique, et pour la création d’une région Val-de-Loire à sept départements, qui irait d’Angers à Orléans. Il y a là une cohérence géographique forte qui tient compte des identités. 

Qu’apporterait concrètement ce rattachement ? Il s’agit aussi de prendre en compte le fait que tout le sud de la Bretagne est attiré vers Nantes. Le problème est que les grands contrats régionaux ne prennent pas en compte Nantes. Les petites collaborations entre les deux régions ne sont pas à la hauteur des enjeux. Si la Loire-Atlantique était en Bretagne, ces plans seraient plus forts et plus cohérents. On nous dit partout qu’il faut des pôles urbains d’un million d’habitants. En Bretagne, on n’a pas d’axe de cette dimension, sauf si on crée un axe Nantes-Rennes. C’est une question de grande cohérence géographique, mais aussi de grande cohérence dans l’action publique. Et on aurait une région de dimension européenne. 

L’Ouest breton ne risque-t-il pas d’y perdre au profit de cet axe ? Si nous n’avons pas une aire de services très fins, c’est toute la Bretagne qui y perdra et sera obligée d’aller les chercher à Paris. Dans ce découpage que nous proposons, il faut évidemment une priorité d’aménagement du territoire en faveur de l’Ouest breton. À la Conférence des villes de Bretagne, nous estimons qu’il faut donner la priorité à la flèche atlantique, une zone qui va de Lorient à Brest puis de Brest au Trégor. L’unité de la Bretagne ne peut se concevoir que dans cette priorité d’aménagement de l’Ouest de la Bretagne. 

Nantes, ou en tout cas son maire, ne semble pas favorable à ce rattachement. Comment expliquez-vous cette position ? La majorité des Nantais souhaitent le rattachement, mais Nantes a peur, il est vrai, de perdre son rôle de capitale. Je pense pourtant qu’elle y gagnerait. Elle pourrait devenir une ville d’entraînement, une sorte de super-capitale des trois régions, Bretagne, Val-de-Loire et Poitou-Charentes. Quant à Rennes, elle resterait la capitale régionale. On parle beaucoup de Bretagne historique mais, pour nous, le rattachement permettrait enfin qu’histoire et géographie se réconcilient.

Propos recueillis par Yvon Corre

Le Télégramme"

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