mercredi 17 décembre 2008

De Robespierre à Sarkozy

Il est parfois des déclarations qui valent bien des discours. Le Président français vient de nous en donner un exemple éclatant.

"Depuis 200 ans, la république se sont les mêmes principes, les mêmes valeurs, les mêmes objectifs, mais ce sont des priorités, des procédures, des moyens différents en fonction des époques et naturellement, des circonstances."

Nicolas Sarkozy, 17 décembre 2008, discours sur la diversité et l'égalité des chances à l'école Polytechnique

Nous fournissons ici les "mêmes principes, les mêmes valeurs, les mêmes objectifs" qui animent de l'aveu du président français l'élite de l'état français depuis deux siècles avec des procédures de degré variable mais de même nature:

"La république c'est la destruction totale de ce qui lui est opposé" SAINT JUST

" Le vaisseau de la révolution ne pourra arriver au port que sur une mer de sang "  Barrère, 17 septembre 1793

« Nous ne laisserons aucun corps hétérogène dans la république. » GARNIER DE SAINTES

« Il convient de faire de la Vendée un grand cimetière national, afin de purger entièrement le sol de la liberté de cette race maudite. » Général TURREAU

« Je n’ai point fait de prisonniers. Les soldats de la liberté étaient trop indignés par l’audace de cette horde d’esclaves qui ont osé les déranger de leur dîner. » Général MIESKOWSKI

« Le comité a pris des mesures qui tendent à exterminer cette race rebelle des vendéens. » BARERE

« Le département qui a trop longtemps porté l’effroyable et perfide nom de Vendée, n’est en ce moment qu’un monceau de cendres et un vaste désert. » BARERE le 5 novembre 1793

« Il n’y a plus de Vendée ! Citoyens républicains, elle est morte sous notre sabre libre, avec ses femmes et ses enfants. Je viens de l’enterrer dans les marais de Savenay, suivant les ordres que vous m’avez donnés. J’ai écrasé les enfants sous les pieds de mes chevaux, massacré les femmes qui au moins pour celles là, n’enfanteront plus de brigands. Je n’ai pas un prisonnier à me reprocher. J’ai tout exterminé… Les routes sont semées de cadavres. Il y en a tant que sur plusieurs points, ils font des pyramides. » Général François WESTERMANN


Ce préambule historique nous servira ainsi à prendre le recul nécessaire vis à vis des déclarations du représentant de l'exécutif français, donc de l'état, qui réaffirme sans détour le projet français: celui de détruire les collectivités humaines organisées qu'elles soient religieuses, culturelles ou autres par des mesures à géométrie variables mais permanentes.

Il n'appartient pas aux nationalistes bretons de juger de leur pertinence sur notre territoire national. Ces déclarations étant comprises dans une perspective plus large de gestion de crise des problèmes dus à la question des flux de populations. En effet notre peuple n'a eu aucun levier de décision qui puisse engager sa responsabilité dans les politiques menées à cet égard. En d'autres termes n'ayant aucun état national ou autonome organisé, le peuple breton ne saurait être tenu pour responsable des mesures prises à l'encontre des populations migrantes présentes sur son sol puisque de fait le peuple breton est à lui tout seul un peuple de sans papiers en France et qu'il n'a rien délibéré à ce sujet.

Cependant par une empathie naturelle pour ceux qui, comme nous, subissent le nivellement républicain qui relève d'avantage de la terreur que du respect des peuples et des individus, nous oserons noter que grosso modo, la république ne change absolument pas malgré les propos du président français qui se targue de "moderniser" une république et non de l'enfermer "dans le mythe". Que propose Monsieur Sarkozy ? Rien moins que ce que l'on fit dans certaines colonies: l'indigènisation. En quoi cela consiste t'il ? C'est fort simple: on prend au berceau un membre du peuple colonisé et spolié, on l'envoie à Paris ou on en fait un français politiquement et culturellement docile. Après quoi il revient dans son pays ou, conscient que sa position ne tient qu'à la bonté de l'occupant en y ajoutant au surplus le zèle induit par son embrigadement dès le plus jeune âge, il peut appliquer avec rigueur la trique coloniale en toute bonne foi.

La République jacobine n'aime pas le peuple. Elle prétend donc lui donner une élite, formée à sa façon, qui dirigera autoritairement l'état sans possibilité d'accès pour le peuple réel aux responsabilités politiques. C'est donc un système nobiliaire ou oligarchique. En France cette aristocratie est composée de haut fonctionnaires qui dirigent une fonction publique pléthorique de 6 millions d'individus qui ne peut rien faire d'autre que de coller aux desideratas de ces nouveaux aristocrates républicains par convergence relative d'intérêts. Là ou Nicolas Sarkozy parle "d'ouvrir" l'élite, il se contente en réalité d'adapter le jacobinisme aux composantes ethniques qui composent la France (et encore pas celles indigènes comme les peuples breton ou corse). Cela ne signifie absolument pas que nous gagnerons en démocratie, cela signifie que le jacobinisme pour se survivre à lui même proposera à des candidats de couleur de bons postes pour qu'ils fassent les gendarmes sans que l'état français n'ait à souffrir l'accusation de racisme. En gros le discours de Nicolas Sarkozy, qui prétend avoir découvert l'Amérique, ne consiste qu'à proposer un jacobinisme "black-blanc-beur" au lieu d'un jacobinisme "blanc". Au lieu d'être fliquées par un préfet Dupont-Lajoie, les populations issues de l'immigration auront le droit, bonté républicaine, d'être fliquées par un préfet d'origine arabe ou noire africaine.

La constance de cette politique qui consiste à refuser le droit pour la société civile et ses composantes de gérer le pays sans intermédiaire est caractéristique. Cette république oligarchique qui est celle "des copains" est bien la même depuis deux siècles voire plus. C'est toute l'histoire d'un pays artificiel, la France, qui n'existe que par un état lui bien réel qui défend ses intérêts qui ne sont certes pas ceux des peuples.

Nous pouvons donc dire que le peuple breton, fort de ces déclarations, peut s'attendre à une politique identique à celle menée depuis deux siècles au moins, mais certainement plus, qui ne vise rien moins qu'à l'anéantir, tantôt ouvertement, tantôt insidieusement comme le confirme ces récentes déclarations.

Puisque la république ne change pas, pourquoi devrions nous changer pour elle ?

En guise de conclusion, les nationalistes bretons peuvent dire que civisme et culture sont deux données distinctes et que les populations étrangères  à la culture du pays ne doivent pas être soumis à une quelconque contrainte en matière culturelle ou religieuse, le droit commun englobant toutes les dérives portant atteintes aux personnes.

War Sav Breizh propose l'idée d'une nationalité comme critère objectif découlant de la filiation. Ce critère n'étant pas lié à l'exercice des droits civiques accessibles de notre point de vue, dans le cadre d'un état breton, à toute personne ayant admis les règles érigées par la constitution. Nous voulons un civisme audacieux, non automatique, conditionné par des engagements pour la communauté civique (service militaire, civil, ou autre ayant marqué une volonté d'améliorer le bien être commun). Ainsi un national breton pourrait il être dépourvu de droit à se présenter à une élection s'il n'a pas marqué de volonté de s'engager bénévolement pour le bien public, a contrario d'un non national, turc par exemple, a réalisé un projet concret reconnu comme d'utilité publique et donc reconnu comme "citoyen" de l'état breton. La nationalité ne conférant "que" le droit de vote.

Ce serait donc un état faisant place aux volontaires dans le cadre civique, laissant la dimension nationale hors du champ politique au sens strict du terme. Avec un tel système on serait loin des nominations autoritaires de type colonial auxquelles on assiste pour un engagement personnel coupé de toutes considérations raciales ou religieuses, à la seule exception de la reconnaissance du breton comme langue civique (ce qui n'interdit pas les langues sociétales communautaires libres d'enseignement). 

Telles sont les pistes que les nationalistes bretons peuvent proposer comme alternative concrètes à la démagogie républicaine française qui nient à la fois le fait culturel, national et religieux, mais encore pratique une caricature de démocratie en osant confondre oligarchie référendaire et contrat civique.

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