Un débat très intéressant diffusé par les caméras d'Agence Bretagne Presse, qui fait sous la direction de Philippe Argouach un travail à la fois important et crucial dont la qualité s'améliore au fil du temps, ou des acteurs et intellectuels bretons évoquent la Bretagne du 21ème siècle.
On regrette qu'il faille la fin du débat pour qu'un assistant pose la seule question essentielle: "L'avenir de la Bretagne ne passe t'il pas par un pouvoir politique breton ?". La vidéo coupe malheureusement.
Le débat effleure sans cesse cette question sans jamais oser l'évoquer clairement. Tantôt il est question de "communauté", "d'identité", de "diaspora", de "projet", de génie social breton "particulier", mais jamais le débat n'est posé froidement: à l'heure ou le Pays de Galles et l'Ecosse ou la Catalogne émerge comme nations dynamiques, pourquoi la Bretagne ne s'affirme t"elle pas comme telle et pourquoi ne s'organise t'elle pas pour établir un pouvoir autonome ?
On sent une gêne, une peur. Et c'est tout le problème. Le breton quoiqu'il en dise, a toujours honte de lui et est trop modeste. Pire, il doute de lui et de son droit à exister comme breton. Le breton contourne le problème, vire-volte. Il botte en touche. Des évocations ici et là, il revient au cadre français comme une balise rassurante qui l'empêche de se noyer. Parle t'on de Bretagne ? Aussitôt on préfère partir sur des remarques d'ordre générale: pour ce qui est de la Bretagne, de Breizh, le concret est impossible pour un breton.
C'est notre responsabilité que de dépasser ce cap du breton honteux pour passer à celui du breton affirmé et conquérant. Cela suppose de dire les choses comme elles sont et de se définir breton, et naturellement européen.
On sent dans les interventions ce fatalisme breton d'origine chrétienne si insupportable. "C'est comme ça" ont envie de dire les intervenants. "Il faut faire avec". Et bien non. Soit on veut être acteur et on pose les problèmes et on propose des solutions dans une optique bretonne, breizhad, soit on ne le fait pas et alors on ne parle pas de Breizh.
Il y a une révolution des concepts à faire. La conquête des esprits. Soyons Gramsciste: le pouvoir c'est d'abord de s'emparer des coeurs et des âmes. Le terme de nation bretonne doit être désormais indépassable et lié par des chaînes d'acier à celui d'état breton. Nous voulons un état breton pour que la nation bretonne soit maîtresse de son destin.
La crise actuelle n'est pas une crise anecdotique. C'est la fin de la civilisation occidentale dans sa phase de domination absolue. C'est la fin de la période entamée avec la renaissance. Un retour aux valeurs fondamentales, permanentes de l'humanité s'annonce. Les grandes vérités révélées, les grandes idéologies ayant prétendu créer un homme nouveau débarrasée des lois de la nature, par le marché ou le collectivisme, mais toujours au dessus des peuples et de leurs appartenances, sont moribondes. La Tradition est de retour et par conséquent, l'idée de peuple et de culture, l'idée aussi de libertés concrètes. Et pour Breizh les libertés concrètes qui permettront d'avoir des solutions à notre mesure, en conformité avec notre âme, sous entendent l'indépendance certainement, l'autonomie obligatoirement. De gré ou de force.
On perd beaucoup de temps dans des débats protocolaires. Du blanc et du noir, cela suffit amplement pour nos questions. Le problème est simple, c'est nous qui sommes compliqués, peureux. Nous n'avons pas à mégoter sur nos droits fondamentaux ni sur nos responsabilités vis à vis de nos ancêtres et de nos enfants. On a pas à être "breton à l'occasion", on a pas à être breton "à demi". C'est une charge: on la déserte ou on l'assume. Si l'on a le courage de s'atteler à en prendre sa part, alors cela doit être fait sans ambiguïtés. L'état français lui n'est pas ambigu: son programme pour nous est la destruction, pratiquée avec rigueur depuis 5 siècles et même plus. La nôtre, si nous voulons être dignes de notre droit à la vie doit être à l'exact opposé: conquérir notre liberté et notre prospérité avec une affirmation similaire à celle des corses, des basques, des catalans, des écossais, des flamands ou des gallois. Si l'on ose pas être ce que l'on est pourquoi espérer secrètement dans sa chambre qu'un miracle va advenir ? Rien n'arrive pas miracle: "Aides toi, le ciel t'aidera".
Le slogan national doit devenir: "Problème français ? Solution bretonne !". Sans chici, sans hésitations. Pour une fois un révolutionnaire français a des conseils à nous donner, nous bretons: "De l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace".
Houarneg Ar Meur
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