dimanche 6 juillet 2008

Le Parti Socialiste Français contraint de jouer la carte fédéraliste

« Quand arrive le congrès, nos dirigeants pensent plus souvent aux départements où il y a le plus d’adhérents. On veut leur signifier tout le travail que l’on fait. S’il y a beaucoup d’adhérents en Méditerranée, il y a aussi beaucoup d’électeurs dans l’Atlantique », observe Bernard Poignant, porte-parole du Breis, par ailleurs député européen et maire de Quimper. C’est dans cet esprit que le « Bloc progressiste breton » a rédigé une « contribution thématique » intitulée « La République des territoires ». Signée par 85 élus, elle sera présentée au congrès de Reims en novembre. 

Les motions seront votées le 6.

Volonté de se faire entendre

Le Breis entend se poser « en défenseur d’une décentralisation accrue » dans le respect « des diversités régionales, culturelles, linguistiques et religieuses ».

Dans ce contexte, les socialistes bretons veulent faire entendre leur voix et avancent « leur force » : ils ont su dépasser les luttes intestines et « mener un combat qui vient de loin pour aboutir à des résultats »

Le Télégramme

Récemment interviewé par Ronan Le Flécher, Yves Le Drian, président de la région administrative Bretagne, martelait son ambition régionaliste en décrivant le statut de ses rêves comme étant comparable à celui des cortes espagnols, états autonomes fédérés. Il assurait que le jacobinisme "restait fort" et qu'il faisait partie de "l'emsav" mais que les obstacles dressés devant lui étaient dus à l'état central, toujours hostile aux libertés bretonnes, au fédéralisme et au girondisme.

En réalité la puissance du lobby jacobin s'équilibre entre les sociaux libéraux et les libéraux conservateurs. Le Grand Orient de France, organisme nostalgique de la république de 1793 comptent de très nombreux socialistes dans ses rangs. Cependant la dernière élection présidentielle remportée par la gauche remonte à...1988 ! Et la douche froide de 2002 n'a toujours pas été surmontée comme le prouve la profonde crise de leadership que vit ce parti depuis lors. Politiquement marginalisé par un UMP étroitement contrôlé par Nicolas Sarkozy, malgré quelques remous passagers, le PSF a du mal à délivrer un discours clair sur de nombreux sujets de société, de l'immigration à l'éducation, de l'économie à l'Europe. Notamment parce qu'il est de plus en plus pris en otage entre une gauche inspirée par l'altermondialisme et les stato-nationalistes républicains représentés par Mélenchon et que la direction du parti craint de voir un "FN de gauche" naître d'un rapprochement avec le centre. Tiraillés entre réaction gauchisante et évolution sociale démocrate, les dirigeants du PSF, faute de leader, n'ont pu s'accorder sur ses questions et se contentent infructueusement de réagir aux mesures prises par le gouvernement en place, plus pour faire savoir que l'opposition existe que pour proposer réellement une alternative construite.

C'est dans ce cadre que plusieurs élus socialistes lorgnent sur les autres pays européens et leurs politique fédéralistes très poussées, que ce soit l'Espagne ou l'Angleterre. Privés du pouvoir central depuis longtemps et peut être pour encore d'avantage, ces élus estiment qu'un renforcement des compétences des régions, largement dominées par la gauche, est une évolution souhaitable pour maintenir une influence réelle sur la société à défaut de peser à Paris.

Cependant, il est difficilement imaginable qu'un fédéralisme ambitieux puisse naître au sein d'un parti qui est sociologiquement composé d'une majorité de fonctionnaires dont les schémas mentaux s'organisent autour de la structure pyramidale et centraliste de l'état qui les emploie. Par ailleurs ces fonctionnaires sont souvent des professeurs pour qui la République centraliste est un véritable mythe fondateur auquel il ne faut pas toucher, tant pour des raisons affectives et mémorielles que pour des raisons idéologiques, car la gauche est historiquement plus dogmatique que des libéraux gestionnaires. Le fédéralisme qui s'appuie sur une société civile forte composée d'artistes, d'artisans, d'employés et de petits patrons pourra t'il trouver sa place au sein d'une classe politique qui assure un pouvoir de facto réservé aux technocrates et aux fonctionnaires et encore d'avantage au sein d'un PS clos ? Rien n'est moins sûr.

Cependant les voeux sont meilleurs que le silence et le nouveau discours régionaliste d'un Poignant qui, il y a quelques années, jurait de préférer se faire "arracher les dents" plutôt que de voir l'enseignement du breton devenir officiel et obligatoire dans son territoire historique, démontre que la dialectique chère à Marx peut faire évoluer bien des choses.

Mais plutôt que de parler, ce sont les actes qui expriment le mieux la vérité d'un engagement. Et si l'on considère l'existence d'un Parti Socialiste Catalan à coté de celui d'Espagne, on est en droit de penser qu'avant qu'un Parti Socialiste Breton associé à celui de France émerge, il faudra du temps. Cependant les agressions caractérisées de l'UMP contre la régionalisation, la suppression des départements, la mention régionale sur les plaques minéralogiques, la mention des langues nationales comme le Breton dans la constitution, le refus de tout audiovisuel régional réel, le combat contre la réunification, sont autant d'éléments qui contraignent les nationalistes et autonomistes à soutenir les socialistes contre les libéraux conservateurs.

Ces derniers pour qui la Bretagne était un bastion historique, l'ont perdu faute d'avoir développer un discours culturel et fédéraliste original. C'est certainement le prix de la servilité.

2 commentaires:

kereozen a dit…

Le Drian, lors d'une réunion, nous a dit que "comme vous le savez, les premiers de nos adversaires sont mes camarades du P.S."... Que fait-il dans ce parti ? Oui un P.S.B. aurait sont utilité.

kereozen a dit…

son utilité