mercredi 25 février 2009

Le ploukisme provincialiste français contre le nationalisme breton


« La tentative de remise en vogue du folklore gallo, qui en soi n’avait rien de méchant, a suggéré aux observateurs gouvernementaux un moyen perfide d’empêcher les jeunes Hauts-Bretons de ce qu’ils sont, des celtes et non des gallo-romains, à travers les danses, les chants et la langue celtique. Le kan-ha-diskan replonge les participants dans la communauté du clan, les gwerz, la langue bretonne font monter chez ceux qui les absorbent comme un élixire, l’appel du sang. C’est cela qu’il fallait empêcher, quand les festou-noz, à Nantes, qui attiraient jusqu’aux Angevins et aux Vendéens, faisaient trembler le clignotant de l’unéindivisibilité.

Le patois, c’est amusant, ça ne gêne personne. La gigouillette ou la polka-piquée nous font jouer le rôle de faux paysans rigolards à la mode française. Le folklore gallo, en un mot, n’est pas une école de plastiqueurs. Mais c’est un bon moyen de couper en deux culturellement la Bretagne, après l’avoir diminuée physiquement en l’amputant de sa partie la plus peuplée et la plus industrieuse. La promesse de faire renaître la culture du « peuple gallo » était une farce puisqu’une telle culture n’a jamais existé au sens où nous accordons à ce mot et n’existera pas davantage dans l’avenir, mais ce fut une excellente manœuvre politique et un rude coup porté à la renaisssance nationale de Breizh. Un signe de l’affaissement politique chez nous, depuis que règne la loi des faux-nez, est que cette imposture, non seulement n’a provoqué aucune réaction de rejet, mais a déchaîné l’enthousiasme dans certains milieux, comme si le président de la République, qui a enterré le régionalisme et proclamé sa volonté de maintenir les départements et la centralisation, pouvait avoir l’intention de restituer son génie à la Bretagne ! »

Olier Mordrel, L’Idée bretonne, éditions Albatros, 1981

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