vendredi 8 mai 2009

Conseil Culturel de Bretagne noyauté

"Le CCB rassemblant la très grande majorité des associations culturelles bretonnes, fondé sur la Déclaration universelle des droits de l'homme et tous les droits humains qui en découlent, et donc aussi sur les droits des migrants, des travailleurs étrangers et des réfugiés notamment, considère que l'identité bretonne tire sa légitimité de la solidarité entre les différents peuples et cultures dans le monde."

C'est ce que déclare le Conseil Culturel de Bretagne. Pour lui donc les droits de "l'autre", quelqu'il soit, équivalent ceux de l'autochtone. C'est le triomphe du relativisme, du "tout vaut tout". L'enseignement du turc ou de l'anglais vaut bien celui du breton en Bretagne. Il n'y a plus que des opprimés et d'abord ceux qui ne sont pas "nous". Et le CCB, dont l'objet est tout de même de défendre et promouvoir l'action culturelle bretonne, semble conforter cette capitulation. Summum de la haine de soi apprise par le maître, ultime stade du colonialisme, l'identité bretonne n'a de valeur que parce qu'elle se refuse à être primordiale chez elle, parce qu'elle s'abandonne à tout sauf à elle même. Ce libéralisme de la naïveté a désormais valeur d'oukase, d'éthique. S'abdiquer est vécu comme la plus haute vertu morale, être selon une antériorité un vice, voire une pornographie.

Le fait breton est désormais par ceux qui s'en revendiquent un accessoire parmi d'autres. Un accessoire d'une modernité dont les exigences sont ailleurs ou point n'est besoin d'être selon une transcendance collective pour vivre. C'est la triste conséquence de l'ère libéralo-progressiste ou le marché et le droit forment les deux jambes de la "civilisation" guérie du "nous". Dans ce nouvel ordre on tolère les reliquats du précédent, les vieilles formes et vieux atours, les vieux accents et les vieilles coutumes. Il s'agit de ne pas violenter l'autochtone que l'on doit acclimater au nouveau règne despotique du néant culturel, car la culture n'y est plus que périphérique à l'organisation sociale dont l'axe se forge dans la neutralité étatique et juridique ainsi que l'échange commercial. La culture dans les démocraties de marché sont devenues des loisirs. L'individualisme triomphe mais sans les hommes et sans les peuples: ils sont bannis, persécutés, rejetés. Il n'y a plus de "nous" dans le monde moderne libéral et progressiste, il n'y a plus que des "je". 

Le Conseil Culturel de Bretagne est peut être donc "culturel" dans le sens ou il anime à la marge une minorité encagée. La minorité bretonne y survit à coté de la minorité anglaise, la première avec un peu plus de poids en raison des vestiges du passé que par ailleurs le relativisme stato-juridique s'emploie à minimiser et dissiper. Ce conseil suit une pente équivoque qui aura des précédents. Car en admettant aussi aisément l'absolue minorisation du fait breton, son absolue relativité, le fait qu'il n'a le droit de survivre que parce que d'autres vivent avec force sans aucun doute sur cet impératif de vie, le CCB ratifie la mort réelle de la culture bretonne comme force d'action collective incontournable en Bretagne. C'est ainsi que le CCB annonce pour demain le Conseil Culturel Marocain de Bretagne, le Conseil Culturel Turc de Bretagne, le Conseil Culturel Français de Bretagne en attendant le Conseil Culturel Américain de Bretagne, tout cela à hauteur égale de traitement budgétaire, peut être conditionné par le poids des clientèles électorales reposant sur les rapports de force de la post-société traditionnelle, donc in fine sur la puissance économique et politicienne. 

Le Conseil par un tel aveu nous fait voir comment une autre culture, un autre fait de civilisation, la "culture française" ne sent pas l'obligation d'admettre un tel relativisme, comment il domine sans se poser de question, comment il envahit sans excuse. Le fait culturel français en effet n'a pas besoin de programme spécifique pour triompher. Il s'efface encore moins devant les autres. La France avance son exception culturelle qui domine tant en Bretagne à coté de celle en provenance d'Outre Atlantique, le silence des violentés est abyssal. Mais les Apaches martyrisés ont encore un peu de vigueur pour appeler à définitivement les aplatir, d'aider "l'autre", c'est à dire concrètement le colonisateur, à se faire respecter pour le cas ou il ignorerait d'imposer sa poigne conquérante.

Nous nous excusons chez nous de vivre et d'avoir la primeur d'être pour ce que nous sommes. Si cette phrase avait émané d'un tiers hostile à la Bretagne, on ne s'en serait pas offusqué, ou du moins pas exagérément. Mais c'est la voix de la culture bretonne, de l'organisation de la vie culturelle, qui s'exprime. Sans que personne ne s'étonne de ce que le suicide soit désormais l'horizon philosophique de nos supposés sauveteurs. C'est l'ère du "droit" selon la fameuse phrase "la liberté des uns commence ou s'arrête celle des autres". Et bientôt nous aurons d'autres défenseurs du droit comme celui du "Conseil Culturel des Non Bretons" qui demandera, en toute "légitimité", le droit de ne pas être mis en présence de tout ce qui peut être breton, par refus d'une insupportable exclusivité, au nom d'une obligatoire neutralité et du droit à la différence. Tout cela serait légal et tout cela serait en "Bretagne". 

Il aurait suffit de promulguer l'expropriation des bretons de leur terre et de leur passé. Cela aurait eu le mérite de la clarté. Mais une telle netteté aurait eu aussi pour effet le choc de l'objectif final. Mieux vaut alors, en attendant, ménager ces dernières tribus en les assurant des "considérations" et "marques d'attention" d'usage, guettant le moment ou enfin l'on pourra achevé ce vieux propriétaire gênant dont on lorgne la maison. Après tout le président de Région Le Drian ne satisfait il pas de l'arrivée chaque année de nouveaux venus qui viendront prendre part au partage des vêtements du mort comme jadis les légionnaires avec la tunique du Christ ?

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